vendredi 28 septembre 2007

Exercice pratique

La participation citoyenne n’est pas une lubie ou un argument politique : elle est une nécessité. Chacun s’en réclame, peu la pratiquent. Est-ce la faiblesse des individus citoyens ou la carence des institutions ?
- Les deux « Comandante » ! Mais qui... de la poule et de l’œuf ?
On ne peut pas s’étonner aujourd’hui de l’absence de certaines catégories de la population dans les réunions de quartier ni de la présence de nouvelles quand on voit comment elles sont organisées et quelle est la « vie des quartiers » au quotidien.

Ce qui s’est passé mardi soir à Renaudie était prévisible. Prévisible pour plusieurs raisons simples :

- On ne peut pas mener un débat, une rencontre, une assemblée, une réunion quelle qu'elle soit, sans animateur. A une époque révolue, dans ce cadre d'intervention, des coordinateurs de quartier pouvaient faire l’affaire : ils connaissaient les habitants et leurs difficultés, ils pouvaient arrondir les angles, sérier les questions et distribuer la parole.

- On ne peut pas faire abstraction des problèmes connus sur le quartier et ne pas les affronter d’entrée.

- On ne peut pas refuser de communiquer sur certaines questions même si ce n’est pas le lieu pour évoquer des questions "individuelles".

Il faut pouvoir replacer les questions abordées dans leur contexte mais pas, dans un cas comme dans l’autre, les éluder. Par respect pour la personne, par respect pour les autres, par respect pour la démocratie. Et même, par respect pour nos propres idées qui nous ont amenés là.

Pour qui s’était poussé à passer par Renaudie ce mardi soir, le cœur était lourd en repartant.

Rendez-vous ! (survie des quartiers)

Invitation de M. le Maire
Construire notre ville ensemble
Rendez-vous dans le quartier
Maladrerie - Émile Dubois
mardi 25 septembre

“ Parce que j’ai la ferme volonté d’améliorer le quotidien de la vie de tous les Albertivillariens et de construire avec eux l’avenir d’Aubervilliers.
Parce que je suis profondément persuadé que la participation citoyenne la plus large est une des conditions déterminantes pour réussir ensemble, je vous donne rendez-vous dans votre quartier.”


A Renaudie, l’affiche était alléchante : ferme volonté, construire, participation, réussir, ensemble…

20 h 30 - Salle pleine aux trois quarts environ, population pas très jeune, des cheveux blancs, des peaux noires, des militants, des mamans avec des enfants en bas âge, des poussettes.

Après une vidéo sur la démarche « vie des quartiers », quatre personnes attablées sur scène : le maire, les deux élues du quartier et le coordonnateur de quartier.

Quelques questions sur la saleté des rues et sur la dégradation de certains lieux. Une réponse du maire et du responsable de Plaine Commune du service de nettoyage.

Le maire est ensuite interpellé par une habitante du quartier sur son cas personnel, déjà connu de la mairie. Sa longue intervention n’obtient comme réponse qu’un « je ne vous répondrais pas » et un « question suivante » qui ramène à une autre intervention sur la propreté…

Un groupe de personnes reprend avec véhémence le thème du logement, considérant sans doute que l’intervention précédente n’a pas été prise en compte et rappelle les difficultés récentes vécues dans le quartier. La tension monte dans les gradins. Après de longues minutes de confusion générale où les gens s’apostrophent d’un bout de la salle à l’autre, une personne du public descend sur scène pour inviter au calme.

On essaye de repartir sur une autre question. Finalement la question porte explicitement sur le thème du commerce. La personne s’étonne de ce que les commerces qui ferment deviennent pour la plupart des boucheries hallal.
C’est le coup fatal porté à cette soirée. Devant les réactions hostiles de toutes parts, la réunion est interrompue.

La salle est péniblement évacuée aux environs de 21 h 30. « manipulation… carence de l’organisation…» les commentaires sont partagés en petits groupes. Incompréhension, paroles lourdes (« mafia d’Auber ' ! », « communistes dehors ! ») et regards hébétés.
Dehors, sur le trottoir, un groupe de jeunes. « Allez la faire ailleurs votre réunion ! »